Chaque année, les morsures de serpent tuent entre 83 000 et 138 000 personnes et en laissent environ 400 000 handicapées de façon permanente. Face à ce fléau, un antivenin universel serait une véritable révolution. En mars 2024, une équipe internationale de chercheurs a annoncé dans la revue *Science Translational Medicine* avoir franchi une étape majeure en direction de cet objectif.
Les défis des antivenins actuels
Spécificité des antivenins traditionnels
Actuellement, chaque antivenin est adapté à une espèce de serpent spécifique. C’est là tout le problème : chaque venin présente des variations biologiques considérables en fonction de l’espèce et même de la région géographique du reptile. Le mamba noir d’Afrique orientale et le cobra royal d’Inde ne nécessitent pas le même sérum.
Risques d’effets secondaires
Par ailleurs, les antivenins traditionnels sont fabriqués à partir d’anticorps provenant d’animaux, ce qui peut entraîner des complications immunitaires et des effets secondaires non négligeables. Tous ces éléments rendent leur administration complexe et parfois risquée.
Entre les problèmes de spécificité et les risques liés à l’utilisation d’anticorps animaux, il était grand temps pour la science d’évoluer. Dès lors, comment pallier ces défis ?
Une avancée scientifique prometteuse
L’identification d’un anticorps monoclonal
Les chercheurs de l’institut Scripps ont découvert une piste sérieuse avec l’anticorps monoclonal 96Mat5. Cet anticorps démontre son efficacité contre un neurotoxique clé présent dans le venin de nombreux serpents, notamment les cobras, les mambas et les kraits.
Des tests concluants sur des rongeurs
Les essais menés sur des rongeurs ont montré que cet anticorps pouvait bloquer les effets létaux des venins de ces serpents. Notons toutefois qu’il ne parvient pas à éviter totalement certains effets tels que la nécrose.
Si cette découverte est prometteuse, peut-on pour autant parler d’une solution universelle ?
Vers un traitement universel
Un antivenin à large spectre
Ces recherches s’inscrivent dans le souhait des scientifiques de développer un sérum capable de traiter plusieurs types de venins. Depuis la création du premier antidote contre les morsures de vipères en 1894 par Césaire Phisalix et Albert Calmette, le challenge est grand : créer un antivenin unique malgré les variations génétiques et mutations présentes dans les venins des différentes espèces.
Potentiellement une réponse adaptée aux pays pauvres
Ce type d’antivenin serait particulièrement bénéfique pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, où le nombre de décès dus aux morsures de serpent est le plus élevé. L’issue de ces recherches pourrait donc déboucher sur un antivenin universel, offrant une protection efficace contre les venins de la plupart des serpents.
Quels seraient les impacts d’un tel traitement dans les zones à risque ?
Impact potentiel sur les zones à risque
Un espoir pour des populations vulnérables
La mise au point d’un antivenin universel représenterait un espoir immense pour les populations vulnérables, notamment dans les régions rurales où l’accès aux traitements rapides est limité. C’est un véritable enjeu de santé publique qui se joue ici, avec des milliers de vies potentiellement sauvées chaque année.
Un atout économique majeur
Au-delà de l’impact sanitaire, cet antivenin synthétique aurait également un impact économique important. En réduisant le nombre de handicaps permanents liés aux morsures de serpent, il permettrait à des milliers d’individus de continuer à travailler et participer activement à la vie économique locale.
Ainsi, si cette découverte n’en est qu’à ses débuts et nécessite encore des tests complémentaires avant une potentielle commercialisation, elle marque néanmoins une avancée scientifique notable. Les défis sont nombreux, mais l’espoir d’une solution globale pour traiter les morsures de serpent est plus que jamais d’actualité. L’équipe internationale de chercheurs qui a fait cette découverte pourrait bien avoir mis la main sur un outil révolutionnaire, capable de changer la donne pour des millions d’individus à travers le monde.
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